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  • Cattitudes

Le « kitten blues » (le blues félin), ou la déprime après avoir adopté un chaton (ou un chat adulte)

Sommaire


Vous avez projeté son adoption depuis des années et avez tout préparé pour bien l’accueillir depuis des mois ! Vous vous réjouissiez de sa venue depuis des semaines, avez passé des heures à lire au sujet des chats, fait des achats et un réaménagement de votre intérieur. Appartement ok, temps disponible ok, budget ok, tout devait être parfait une fois que vous seriez réunis. Pourtant, quelques jours / quelques semaines après que votre petite boule de poils soit arrivée à la maison, vous êtes accaparé par les doutes, vous vous sentez désemparé, stressé, voire déçu et même déprimé…



Le "kitten blues" (ou blues félin), c'est quoi?

La complexité du « kitten blues », c’est que peu de personnes sont au fait que ce type de phénomène existe. Tant que l’on ne se retrouve pas dans cette situation, on ne fait pas de recherches sur le sujet. Et quand on en fait, il n’existe que peu de documentation. Alors, forcément, quand ça arrive, nous sommes désemparés.

Si le baby blues naît d’une chute hormonale chez l’humain, sa version féline se joue surtout mentalement. Inspiré du terme “puppy blues” qui s’adresse aux adoptants de chiots/chiens, le « kitten blues » se produit après l’arrivée d’un nouveau chat au sein du foyer (souvent jeune, mais pas toujours). Il s’agit d’un sentiment d’anxiété, de tristesse, d’épuisement, voire d’irritation envers cette petite créature, souvent incompréhensible qu’est ce petit félin.

Vous étiez fou de joie de l’accueillir chez vous, pourtant, arrivé à la maison, il ne boit pas, ne mange pas, ne fait pas dans sa litière, il se cache, miaule la nuit, feule, crache, griffe, ou au contraire est trop curieux, grimpe aux rideaux, saute partout, a des quart-d ’heure de folie, il vous mordille les orteils, veut jouer avec vous à 4h du matin, et tout ça ne vous amuse pas vraiment…

Parfois, tout va bien. Petit chat est calme, il fait dans sa litière, dort bien toute la nuit, pourtant, vous avez quand-même le blues. Vous vous faites du souci constamment, vous analysez beaucoup votre chat, mais ne savez pas trop comment interpréter ses comportements, au point de lui inventer des problèmes. Vous voulez tellement qu’il soit bien dans ses pattes que vous vous mettez la pression et finissez par culpabiliser, vous vous sentez incompétent. Le surmenage émotionnel commence à se faire sentir : en fait, c’est un vrai tsunami existentiel !

Vous vous reprochez de ne pas avoir fait suffisamment de recherches, d'avoir choisi le « mauvais chat » ou de ne pas savoir ce que vous faites. C’est les montagnes russes et à de nombreuses reprises, vous vous sentez accablé. Vous vous rendez compte des responsabilités pour lesquelles vous n’étiez pas prêt, jaloux des autres chatons que vous voyez sur Instagram et qui ne semblent pas aussi « problématique » que le vôtre, et vous blâmez pour l'énorme erreur que vous avez commise.

Mais ne vous inquiétez pas ! Si vous vous reconnaissez dans le « kitten blues », rappelez-vous que vous n’êtes pas une mauvaise personne ! Bien que très peu documenté, le « kitten blues » est finalement assez commun ! C'est juste que les autres n'ont pas tendance à en parler beaucoup - Réseaux sociaux vs réalité !

« Je culpabilise et j'ai honte. Je laisse mon conjoint gérer la situation sans rien oser lui dire, clouée sur le canapé. Mes pensées s'assombrissent. Je comprends ce qu'implique le fait de s'occuper d'un petit être totalement dépendant qui ne parle pas notre langue. Je remets tout en cause et en viens à me demander si on ne devrait pas le rendre. » (Témoignage recueilli sur un forum allemand).



Qui est susceptible d'avoir un "kitten blues"?

Les facteurs à l'origine du « kitten blues » peuvent être multiples : appréhension, stress, fatigue due au changement de situation, deuil...

Cependant, ce phénomène est paradoxalement souvent dû à une préparation trop minutieuse et à un processus d'idéalisation. Et ce n’est pas un hasard si beaucoup de personnes sujettes au « kitten blues » sont de nouveaux adoptants : entre l'idée qu'on se fait de l'adoption et sa réalité, le choc peut être violent. On a tendance à anticiper la relation qu'on nouera avec l'animal avant qu'elle ne se crée, alors l’idéalisation de l'animal peut en prendre un coup, ce qui, couplé à la fatigue émotionnelle, peut entraîner ce fameux « kitten blues ».

Entre la théorie et la pratique également, le gouffre peut être grand : les réveils nocturnes usants, la peur de rater quelque chose, la difficulté d'habituer la petite boule de poil au nouveau foyer,… Et on se pose des questions, beaucoup de questions : était-ce vraiment le bon moment ? Est-ce que le logement est assez bien pour le chat ? Est-ce que je le laisse sortir ou non ? Suis-je à la hauteur de ses besoins ? Etc.


« Il y a une semaine, deux chatons orphelins de six semaines du refuge ont emménagé avec moi, garçon et fille. Les deux sont adorables ! Joueurs, câlins, ronronnant comme des fous... Mais je ne me sens bien. J'ai des crises de panique, je pleure souvent. Je me demande si j'ai pris la bonne décision. Suis-je à la hauteur de mes responsabilités ? Si mon appartement n'est pas trop petit (55m²) pour les loger. Puis-je leur rendre justice à tous les deux ? Que dois-je faire? Je vis un vrai carrousel mental. » (Témoignage recueilli sur un forum allemand).


Une autre catégorie d’adoptants susceptibles d'être exposés au « kitten blues » sont ceux qui, ayant perdu leur précédent animal, en adoptent un autre. L'adoption s'enchaînant rapidement au deuil, ils comparent inévitablement leur nouveau compagnon au précédent, avec lequel ils avaient eu le temps de tisser une relation forte. Seulement, il ne ressemble pas assez à notre précédent chat décédé, ce qui peut raviver la peine d'avoir perdu un animal cher... et donner le sentiment que l'on n'arrivera pas à s'attacher à ce nouveau venu. Mais le petit nouveau est un animal différent et c’est donc une histoire différente qui s'annonce.

Parfois tout se passe très bien ! Bébé chat est incroyable, il nous colle et se comporte comme le meilleur des acolytes. Il est drôle mais sage, c’est le chat parfait. Et pourtant, on peut ressentir le blues., on s’attendait à autre chose, ou alors il est tellement génial qu’on se sent indigne de lui. Moins évident, ce « kitten blues » reste pour autant réel et valide.


« J'ai grandi avec des chats, avec des animaux en général. Donc vraiment rien de nouveau en fait. Ensuite, je n’en ai pas eu pendant 10 ans parce que les circonstances n’étaient pas favorables. Lorsque ça a été possible, deux résidents âgés de 10 ans ont emménagé. J'étais heureux comme un fou. Ils étaient et sont incroyables. Je pourrais les manger. Mais mon Dieu, j'avais aussi le blues. Après tout, les 10 dernières années de ma vie, je n’étais responsable que de moi-même. Et soudain, il y a deux êtres qui ne peuvent pas me dire directement si quelque chose ne va pas, et dont j'ai l'ENTIÈRE responsabilité. » (Témoignage recueilli sur un forum allemand).



Comment en venir à bout du "kitten blues"?

Sachez que le « kitten blues » est passager !

Bien qu’il n’y ait pas de durée standard du « kitten blues », car chacun y va à son rythme, en fonction du chat, de ses expériences et de ses déclics, ce sentiment n’est pas éternel ! Au final, beaucoup d’adoptants se retrouvent autour des mêmes angoisses : les apprentissages, la dépendance du chat envers nous, notre responsabilité… C’est légitime de se poser des questions, de stresser lorsque l’on sait qu’un être est totalement dépendant de nous. Cela prouve que vous avez conscience de votre responsabilité, c’est donc très sain !

Alors, ne soyez pas trop dur avec vous-même : déprimer à l'arrivée d'un animal ne signifie pas que vous êtes un mauvais adoptant, que vous avez fait un mauvais choix ou que vous ne l'aimerez jamais. Adopter un chat est un événement riche en émotions, qui va forcément chambouler votre quotidien, et cela peut entraîner un sentiment de déprime bien différent de la joie qu'on s'attend à éprouver. Mais pas de panique ! Le « kitten blues », éprouvé par de nombreux adoptants, est simplement une réaction à un changement profond dans votre vie. Soyez patient et donnez-vous le temps de mieux connaître votre nouvelle petite boule de poils.

Si vous avez eu déjà eu un chat que vous regrettez, dites-vous bien que votre belle relation avait mis des années à se construire. C'est la même chose avec votre animal actuel. Donnez-vous le temps de découvrir cette autre personnalité et de vous apprivoiser mutuellement !

Enfin, une nouvelle adoption demande forcément quelque temps d'adaptation, autant pour les humains que pour les animaux.

La règle de trois

Dans un article du National Geographic, la journaliste Liz Krieger expose la règle de trois sur laquelle certains comportementalistes animaliers s’accordent : c’est une façon simple de se représenter l’évolution d’un animal intégré récemment au foyer. 3 jours post-adoption pour que le stress d’un nouvel environnement s’évapore. 3 semaines pour qu’il commence à créer un lien avec vous. 3 mois avant qu’il ne commence à vous voir comme un référent de confiance et soit rodé aux habitudes de votre foyer.


Le "kitten blues" : conclusion

Le « kitten blues » est le résultat d'une somme d'injonctions intenables reposant sur les êtres humains et les animaux. Avoir un animal demande un investissement en temps et en argent, mais surtout un investissement humain et beaucoup de patience... En adoptant un adorable chat/chaton, il faudra peut-être faire face aux miaulements nocturnes, aux nombreuses « bêtises », mais aussi à ce caractère qui ne correspond pas forcément à vos attentes...

Pour une relation épanouie avec le chat qui rejoint un foyer, il faut accepter de ne pas tout savoir à l'avance, que chaque animal est unique et qu'il n'est pas nécessaire d'atteindre une absolue perfection pour mener à bien cette adoption.

L’adoptant néophyte (ou non) peut toujours faire appel à un comportementaliste félin pour une consultation en prévention, afin de pouvoir faire part de ses inquiétudes, de ses doutes. Il pourra également apprendre le langage félin pour mieux communiquer avec son nouveau compagnon et cesser d’être stressé par ses comportements. La consultation en prévention pourra également avoir l’utilité d’éviter des erreurs qui risqueraient d’entraîner de futurs comportements indésirables.

Enfin, conservez tous les aspects positifs : les moments où votre animal se blottit contre vous, les moments complices, de jeu, de câlins… Ces instants peuvent vous aider à traverser les pensées sombres, car ils sont le bel avenir qui vous attend. Cela viendra, soyez patient !


« Votre sentiment n'est pas inhabituel, beaucoup l'ont. Et non seulement les nouveaux propriétaires d'animaux, mais aussi de nombreuses nouvelles mamans connaissent ce sentiment. C'est totalement humain, tout à fait normal.» (Témoignage recueilli sur un forum allemand).

En résumé :

Prenez votre temps. Faites-vous aider si besoin. Offrez-vous la possibilité d’échouer, d’apprendre et de vous ajuster. Ne précipitez pas trop de choses. Vous allez y arriver, vous n’êtes pas incompétente ou nulle. Votre chat ne vous déteste pas (promis !). Et surtout… nourrissez-vous de moments de complicité quand les temps sont durs !

Dolfje


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