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Clicker Training, Medical Training et Soins Coopératifs - C'est quoi au juste?




Bien que nous puissions trouver des différences entre le Clicker Training, le Medical Training et les Soins Coopératifs, il me paraissait tout naturel de présenter ces trois méthodes, car elles ont des origines et des méthodes d’apprentissage très similaires, comme nous allons le voir.


1) Le Clicker Training…

a. …c’est quoi ?


Le Clicker Training est une méthode d’éducation des animaux qui vise à marquer/accentuer et récompenser le comportement souhaité.

En résumé (et simplifié !), l’animal doit d’abord apprendre que le « clic » signifie « la récompense arrive ». C’est une phase importante de la méthode du clicker training qui tient compte de ce que nous savons aujourd’hui sur les animaux : nous savons, entre autres, qu’ils apprennent par associations. Pour ce faire, on donne une friandise (ou on la met à terre) et on clique quand l’animal la prend.

Avec quelques répétitions, clic = friandise (association)

Une fois que l’animal a compris que le clic signifie récompense, il est possible de lui apprendre toutes sortes de choses et aussi de rectifier des comportements désagréables. Le principe est que, lors de la phase d’apprentissage, l’association du clic et de la récompense montre clairement à l’animal que son comportement est correct. L’animal reproduit alors intentionnellement ce comportement pour déclencher le clic et obtenir la récompense (conditionnement opérant de Skinner). Il devient dès lors un partenaire actif (vs se contenter de réagir), en utilisant consciemment ses actions.

Comportement ok => clic + récompense

Le principe fondamental de cette technique est de renforcer, donc d’augmenter la fréquence des comportements désirés et par ailleurs d’ignorer les comportements indésirables pour les diminuer et les faire disparaître par extinction.

Une fois cette association fixée dans la tête de l’animal, on pourra commencer à introduire un signal. Par exemple, si nous avons pu obtenir un comportement « assis », nous allons alors introduire le signal vocal « assis » AVANT que l’animal n’ait exécuté le comportement, puis cliquer et récompenser. Au fur et à mesure, on pourra se passer du clicker et distribuer la récompense de façon de plus en plus aléatoire.

b. Un peu d’histoire


Keller Breland, un étudiant du professeur Skinner, teste le sifflet à ultra-son sur les mammifères marins dans le cadre d’entraînements à des spectacles. En effet, les cétacés ne pouvant être punis pour des raisons pratiques évidentes (ils ne sont pas à portée de main et ne peuvent pas être manipulés physiquement), il fallait trouver une méthode à laquelle ils puissent répondre, afin qu’ils puissent apprendre à sauter très haut, tourner ou frapper l’eau avec leur nageoire. Sur les bases du conditionnement opérant de Skinner, le sifflet fut utilisé durant l’entraînement pour leur indiquer que ce qu’ils faisaient était apprécié par l’entraîneur. Cette méthode est très intéressante dans le sens où le dauphin ne pouvant pas être récompensé à la seconde où il a offert un bon comportement, le sifflet (« marqueur ») signale que le dauphin va recevoir une récompense ce petit laps de temps est ce qu’on appelle le « pont ». Dès lors, cette technique put être utilisée pour l’apprentissage de nombreux comportements à distance.

C’est l’américaine Karen Pryor, référence internationale en biologie marine et en psychologie comportementale, qui généralisa cet outil d’apprentissage à d’autres espèces animales. En 1992, lors d’un panel de discussions entre entraîneurs et scientifiques, naissait la méthode « Clicker Training ». La même année, à la suite d’un séminaire sur les exploits du clicker sur le chien et conduit par Karen Pryor, les éducateurs canins du monde entier ont été conquis par cette méthode devenue incontournable en éducation positive.

Aujourd’hui, le clicker training a largement fait ses preuves sur bon nombre d’espèces, aussi bien poules, chèvres, chevaux, rats, etc., et il est bien évidemment devenu indispensable aux soigneurs des zoos et parcs animaliers, qui peuvent pratiquer toutes sortes d’entraînements avec les animaux sauvages en captivité.



c. Les 3 techniques du clicker training


Elles dépendent de ce que nous voulons faire.

· Le leurre ou luring : l’animal va suivre la friandise avec sa truffe (et donc le corps va suivre) : nous allons donc pouvoir le guider vers un mouvement que nous voulons qu’il exécute et que nous allons « marquer » avec le clicker au moment crucial où l’action se produit. Par exemple, on veut lui apprendre à se coucher. A partir de la position assise, on va l’attirer vers le bas avec la friandise et cliquer quand son corps est complètement sur le sol.

· La capture ou capturing : l’animal fait spontanément un comportement que nous attendons de lui : on clique dès qu’il le fait. Pour reprendre l’exemple précédent, on va cliquer-récompenser à chaque fois qu’il se couche spontanément.

· Le façonnage (ou shaping / micro-shaping ): à l’inverse du capturing, on décompose notre apprentissage en accompagnant et renforçant l’animal du début à la fin dans son mouvement. On utilise donc clic et récompense en passant par plusieurs étapes. On va cliquer tout mouvement qui se rapproche du but final, du plus loin au plus proche, jusqu’à l’obtention du comportement voulu. On apprend là à l’animal, par petites étapes, quelque chose qu’il ne ferait pas de lui-même. Pour donner un exemple décortiqué très grossièrement, si l’on veut qu’un animal se couche sur le côté : étape « debout », étape « assis », étape

« couché », étape « se laisser tomber sur le flanc », étape « poser la tête en étant couché de tout son long ».


2. Le Medical Training


Le Médical Training nous vient des parcs zoologiques. La contrainte physique étant difficilement applicable avec certains grands animaux et les anesthésies comportant toujours des risques, il est préférable de les éviter autant que possible. On ne peut pas tenir de force un rhinocéros pour lui faire une prise de sang ou ouvrir à la force de nos bras la gueule d’un hippopotame comme on le fait souvent avec nos chiens ou nos chats. Et même si la force était utilisable (sur les petits animaux par exemple), cela provoquerait du stress avec des conséquences sur la santé, le comportement, la reproduction, et soulèverait un problème évident d’éthique.

Les soigneurs des parcs animaliers apprennent donc à leurs animaux des comportements qui facilitent les interventions (présenter sa nageoire, sa patte ou sa queue, ouvrir la gueule sur signal). Ils rendent ces séances agréables pour que les animaux les tolèrent et y participent activement. Tout comme le clicker training pour les entraînements, le medical training repose sur les mêmes bases théoriques et techniques, et les exercices proactifs font aussi partie de l’enrichissement qui permet aux animaux de mieux supporter leur captivité. Certains entraîneurs comme Sophia Yin ont démocratisé le medical training et les approches visant à réduire le stress pour nos animaux de compagnie.

Le medical training consiste donc à entraîner l’animal pour les soins. On peut utiliser plusieurs techniques comme l’habituation, le contre- conditionnement, la désensibilisation (c.f. partie B, point 4), mais contrairement aux soins coopératifs, l’animal n’a pas toujours le choix. C’est-à-dire qu’on peut effectuer le soin ou une partie du soin, puis donner une récompense afin de créer une association agréable et renforcer le comportement de « s’être laissé faire », sans pour autant que l’animal y ait participé de son plein gré.


3. Les Soins Coopératifs


Basés sur le respect et la confiance mutuelle, les Soins Coopératifs sont très similaires au medical training. Nous procédons toutefois de façon à ce que l’animal apprenne des comportements qu’il pourra ensuite utiliser pour nous donner son consentement ou non lors des soins. Nous lui apprenons donc des comportements qui lui permettront d’avoir du contrôle sur les événements. On lui donnera la possibilité d'exprimer lorsqu'il est d’accord que l’on fasse le soin et lorsqu’il a besoin qu'on arrête.

  • L'animal a la possibilité de dire quand la procédure commence à travers son comportement (appelé comportement feu vert = je suis prêt). Nous pouvons commencer les manipulations.

  • L'animal a la possibilité de dire "stop" à tout moment (comportement stop = “J’ai besoin d’une pause”). Nous arrêtons immédiatement les manipulations.

L’animal doit donc pouvoir CHOISIR à tout moment de quitter la position et mettre fin à la session d’entraînement. Il participe alors activement aux soins et nous pouvons ainsi avoir une conversation claire avec eux.

Ainsi, en donnant à nos animaux la possibilité de contrôler la situation, nous diminuons leur stress. Ils se sentent plus en sécurité et nous accordent plus de confiance.

Pour ce faire, nous allons commencer à apprendre à nos animaux à adopter différentes positions (debout ; debout les pattes avant sur un podium ; assis ; couché ; museau posé sur une surface ; etc.). Elles seront plus ou moins pratiques en fonction des soins à effectuer et de l’individu avec lequel on travaille. En avoir plusieurs nous permet de choisir la plus adaptée à nous et à notre animal, ainsi qu’à la situation. Dans un deuxième temps, nous apprendrons également à l’animal à rester dans ces positions sur la durée, mais surtout nous leur donnerons la fonction de signal “Je suis prêt” / “J’ai besoin d’une pause”. Puis nous introduisons les procédures de soin.

Les soins coopératifs font donc partie du médical training, mais tous les entraînements de medical training ne sont pas forcément des soins coopératifs.


Et le chat dans tout ça?


J'écrirai prochainement un article plu complet sur le sujet, mais oui, contrairement aux idées reçues, un chat aussi ça s'entraîne!

Pourquoi pourrions-nous entraîner des dauphins, des éléphants et des lions, et pas des chats?

Une étude a d'ailleurs été menée sur le sujet auprès de chats d'un refuge (Kogan, L., Kolus, C., Schoenfeld-Tacher, R. (2017). Assessment of Clicker Training for Shelter Cats. Animals). Certains chats avaient reçu un entraînement au clicker training comprenant 4 exercices différents. Malgré le fait qu'ils aient été entraînés dans un milieu stressant (le refuge), ces chats étaient tout à fait capables d'apprendre de nouveaux comportements, quelque soit l'âge, le sexe ou le degré de timidité. De plus, les chats qui avaient été entraînés, désormais mieux habitués à un contact positif avec les humains, ont été adoptés plus facilement. Les auteurs en concluent également que les chats qui ont déjà un lien établi avec leur propriétaire ont un grand potentiel pour être entraînés au clicker : ces exercices ont le potentiel de modifier les comportements indésirables et de renforcer le lien homme-animal, et ces deux facteurs peuvent réduire la probabilité d'abandon.


Alors, à nous de jouer!


Apprentissages coopératif avec les chats
Apprentissages coopératif avec les chats



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